Réflexions spirituelles (11) : La Sainteté

Publié le par Julien Métais

1) La sainteté est l’espace de clarté impénétrable où l’Eglise recueille les membres souffrants du Christ qu’elle offre à notre dénuement.

2) Le saint est l’homme qui pose son cœur sur l’autel du Christ et plein de ferveur s’avance pour le banquet auquel est conviée la nouvelle humanité.

3) La sainteté de l’Eglise est l’expression glorieuse d’une souffrance transfigurée par la nudité du monde.

4) L’exigence du saint, seule une pauvreté de cœur absolue peut la faire fléchir et obtenir son approbation.

5) La sainteté édifie des temples sur lesquels la main de l’homme n’a pas de prise.

7) Il faut beaucoup pécher pour ne pas être indigne de la sainteté.

8) Le saint est l’homme en qui la pupille de Dieu s’est tellement dilatée qu’elle rejaillit vers le haut sous la forme d’une lumière ardente et incorruptible.

9) Le saint n’existe que pour témoigner de la grandeur de ce qui le sanctifie. Il est le témoin ardent du buisson de lumière qui donne le monde.

10) La sainteté est le plus lourd des héritages. Elle est la préfiguration charnelle du monde qui vient.

11) Le saint est un homme hanté par l’inachèvement du monde qu’il célèbre en rendant le visible à l’invisible.

12) Le culte des saints est la grande messe des trépassés agissant au cœur de l’histoire.

13) L’exemplarité du saint offre au monde la chance du salut.

14) Plus que l’ange œuvrant en silence au redressement du monde, le saint témoigne parmi les vivants de la grandeur de l’amour divin.

15) La sainteté est le corps mystique du Christ accomplissant en l’homme sa mutation merveilleuse.

16) Le culte des saints est célébration de ceux qui veillent aux destinées du monde.

17) C’est par l’exaltation de la chair que la sainteté prend possession de l’âme.

18) La sainteté serait peu de chose si elle n’était la réalisation anticipée de l’absence de monde.

19) La sainteté de l’homme pique la vertu qui se perd en vaines conjectures sur la destination de son impuissance à aimer.

20) Le saint est l’homme qui a poli son cœur sur la pierre dure de la souffrance. Nulle consolation, nulle promesse ne sauraient attendrir ou émousser la pointe de son exigence.

21) La sainteté soutient le néant devant l’effroi de l’être.

22) La sainteté est une lèpre merveilleuse qui témoigne de l’inépuisable vitalité du monde.

23) Le saint n’a pas besoin de parler pour témoigner de sa sainteté. Il lui suffit de se livrer aux tâches les plus simples de la vie quotidienne pour que transparaisse au fond de ses actes la couronne de gloire de l’Esprit qui l’habite.

24) Le saint brise la volonté de Dieu pour se vautrer dans le néant du monde. Puis il brise le monde pour rendre à Dieu la volonté grâce à laquelle a appris à aimer.

25) Le saint est prêt à sacrifier Dieu lui-même pour prouver qu’Il éclate dans sa création. C’est même de cette façon qu’il témoigne le plus purement de la gloire de ce qui n’est pas.

26) L’héroïsme du saint est l’autre nom de l’amour qui le soulève.

27) Le saint témoigne par le sacrifice de sa vie de la grandeur de l’amour qui soulève le monde et de la misère du langage qui nous y rattache.

28) La sainteté est l’étoile du cœur illuminant violemment les ténèbres de l’histoire.

29) Le saint donne sa vie à Dieu pour racheter la vie de Dieu chargée du poids de notre humanité pécheresse.

30) Dieu a besoin des saints pour sentir la force de son amour circuler et se multiplier comme une torche vivante dans le cœur des hommes.

31) La dureté du saint, son caractère intransigeant et inflexible, est proportionnelle à la force de l’amour au service duquel il agit, tel un relais foudroyant sur le chemin du cœur.

32) Le saint ne veut rien céder sur l’âpreté de son désir car il sait que sans la ressource de cette exigence infinie l’amour de Dieu risque à tout moment d’être déshonoré.

33) Le saint n’est héroïque que par la puissance de l’amour divin qui le transporte au milieu du visible.

34) Le culte des saints est le point de ralliement des forces de vie qui hantent obscurément le fond de la conscience humaine.

35) Dans l’ardeur du mouvement irrépressible qui le tend vers Dieu, le saint ménage une place de choix à la fantaisie et à l’humour. Car il sait mieux que personne que la blague est au commencement du monde.

36) Dans les poches du saint le cœur palpitant du Christ glorifié.

37) Le saint est un homme pour qui la Croix est moins lourde à porter que l’exigence terrible du Père envers le Fils.

38) La vie du saint se passe à répandre le sang de l’agneau sur la plaie béante de l’oubli. Car nous avons oublié l’extrême vitalité qui continuellement nous promeut dans l’invisible et forme au-dessus de nos têtes la couronne ardente de notre commisération.

39) Le saint est prêt à sacrifier sa vie puisqu'il sait que ce sacrifice participe à la régénération du monde et que sans cette régénération il n’est point de transfiguration possible. Or c’est par la transfiguration que la sainteté entre dans le monde pour témoigner de la grandeur de ce qui ne passe pas.

40) La sainteté est une disposition particulière de l’âme qui la conduit à entrer dans la maison du Père en faisant l’économie du chemin.

41) Le chemin gêne le saint qui abolit le but dans l’origine.

42) Le saint est l’homme d’une idée ardemment aiguisée sur le fil de sa destinée.

43) Le saint ne parle que pour condamner tout ce qui se dit sans trouver la force de se perdre hors de l’étroit sentier du sens.

44) Les grands saints n’ont conquis le monde que pour en démasquer l’infinie complication.

45) Pour le saint le monde est un plan incliné le long duquel l’homme advient perpétuellement à la figure de sa possibilité.

46) Le saint est en lutte contre l’idolâtrie du nom.

47) Le saint est un homme que crucifie la grandeur du péché. Plus il s’enfonce dans le péché plus il sent tout ce qu’il doit à ce qui dans le péché demeure indestructible.

48) La sainteté répand sur le monde une atmosphère très particulière, l’impression poignante que du gouffre que découvre chacun de nos pas s’élève une douce lumière qui repousse les forces malfaisantes et revivifie le cœur de l’homme.

49) La sainteté aggrave le monde pour en extraire la fine perle de rosée qui manque à l’achèvement de notre joie.

50) Dans la sainteté le possible dilate l’inconcevable jusqu'à provoquer l’évanouissement du monde.

51) La sainteté est un état de révolution permanent de nos façons habituelles de sentir. Elle est transfusion du sang du possible à l’inachèvement du monde.

52) Le saint enchante la création par l’exigence infinie qui le déchire.

53) Le déclin de la sainteté marque le commencement de la régénération du monde.

54) Il ne faut pas demander au saint autre chose que d’effacer la première larme dont nous formons le résidu irréductible.

55) Il faut être un saint pour comprendre tout ce que Dieu doit à sa créature.

56) La sagesse du saint consiste à exiger de Dieu l’impossible. Par là il se trouve sans cesse rétabli dans la lumière de son amour.

57) Par l’étoffe dont il est fait le saint jette un pan d’ombre sur la destinée humaine – qui en éclaire la part de chance.

58) L’ultime provocation du saint est de survivre à l’effondrement des illusions.

59) Qu’est-ce que le culte des saints sinon cette grande constellation qui flamboie dans le corps infini du possible et réchauffe notre cœur malade ?

60) L’aile de l’ange entrave la marche du saint tout entier occupé à gravir la cime des cieux. 

61) Les anges ignorants de l’histoire humaine n’y interviennent que sur ordre divin. Les saints, eux, participent au devenir historique qui les contraint à lier leur sort à celui de la création afin que demeure vive la petite étincelle que Dieu a déposée en eux. 

62) La vocation du saint est de faire passer la création le long du fil invisible qui conduit à la maison du Père.

63) Le saint vit dans la prière de Dieu qu’il fait germer dans le cercle étroit du visible. Il est l’expression la plus pure de la communication continuelle en l’homme du Père et du Fils.

64) Pour le saint le monde doit être réformé de fond en comble. C’est pourquoi toutes ses forces sont tendues vers l’accomplissement de cette réforme dont dépend la conversion de l’âme du monde et son retour auprès du Père.

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