Réflexions spirituelles (10) : Les Anges

Publié le par Julien Métais

1) Les anges qui sillonnent le ciel sont les moissonneurs du monde qui vient.

2) L’ange est ce point de blancheur éclatant où se dissout la visibilité du monde.

3) A chaque ange son système d’équilibre et de valeurs.

4) L’aile des anges esquisse un sourire dans l’invisible.

6) Le lit est la robe de l’ange où divague chaque soir la conscience humaine.

7) Plus que messager, l’ange est la conscience exaltée du possible.

8) Les anges sont des chemins parcourus par le mouvement de lumière qui les conduit jusqu’à nous.

9) L’ange est un compagnon de feu qui n’a pas de désir plus cher que d’enclore l’homme dans la douce flamme qui l’éclaire.

10) Je vois partout au-dessus moi l’armée des anges prête à fondre d’un prompt battement d’aile sur le néant du monde qui se rétracte.

11) On n’assujettit pas l’ange qui prend en soi son envol, on est par lui précipité dans le feu éternel de l’invisible.

12) Les anges œuvrent inlassablement à l’édification du royaume à venir.

13) Les anges sont les tisserands surnaturels de l’invisible.

14) L’ange ne meurt pas car, en tant que créature divine supérieure, il n’est pas soumis à la loi du temps. Il vit tout entier recueilli dans un éternel présent d’où il ranime à grands coups d’ailes le cœur de l’homme fatigué.

15) Les anges dessinent au fond de l’univers la figure énigmatique de l’absence de monde.

16) La nudité de l’ange est la brûlure régénératrice de l’invisible.

17) Quelle que soit la forme sous laquelle il se présente l’ange n’en finit pas de déposer aux pieds de l’homme la grandeur humiliée de son royaume.

18) Le silence des anges est la forme la plus efficace de leur action. Par l’intensité de leur silence les anges règnent sur le monde.

19) Les mots qui se précipitent sous ma plume, n’est-ce pas sous le concours fabuleux des anges qu’ils s’organisent et forment cette grande constellation au fond de laquelle luit le corps infini du possible ?

20) L’échelle de Jacob est le fruit mûr du repentir. De haut en bas les anges y accourent pour y boire à la vigne du vin nouveau.

21) L’ange est l’image flamboyante du battement du cœur dans l’invisible.

22) Les anges sont des lettres de feu qui, dans leur alignement étudié, composent la grande phrase du possible. On peut bien sentir l’action de cette phrase sur soi mais pour ce qui est de la comprendre, elle demeure à jamais indéchiffrable.

23) Les anges sont au service de la Parole qui chemine en eux, ils sont le déploiement en acte de cette Parole, sa force de retentissement aux confins du visible.

24) Les anges sont au service de Dieu car ils sont au service de l’homme qui est en Dieu la créature la plus accomplie.

25) La fidélité des anges envers les hommes est l’expression filiale de la fidélité du Christ à la Parole du Père.

26) Le Christ qui tombe sous sa croix lors de la Passion est relevé par l’ange envoyé par le Père pour venir en aide à sa fidélité.

27) L’ange est au service de la faiblesse humaine, sa fonction est de secourir ce qui à chaque instant menace l’homme de tomber au néant.

28) Qu’est-ce que l’ange sinon ce foudroiement d’aube où s’éclaire le signe de notre destinée ?

29) L’aile des anges remplit l’espace comme un amoncellement de mains offertes à la nudité imprévoyante du désir.

30) Entre deux battements d’aile l’ange dépose l’espérance sur le seuil du visible.

31) Il faut tirer de soi les anges qui nous enveloppent de leur lumière imputrescible de façon à saisir au vif l’aile blessée du repentir.

32) J’écris pour relever l’ange qui est tombé sur le chemin du cœur.

33) La vulnérabilité de l’ange ne doit pas être négligée. Messager de Dieu, l’ange, quand il se rapproche de l’homme, ressent comme une douleur la suppression de la distance qui le sépare de Lui. Il entre alors dans un commerce singulier où il doit lutter contre lui-même pour ne pas altérer la Parole qui sort de sa bouche et emplit l’espace du dicible.

34) La beauté de l’ange réside dans la grâce singulière de l’âme que chaque battement d’aile découvre à notre hébétude.

35) L’ange est l’expression intensive de la volonté divine disséminée dans le champ du visible.

36) L’ange est terrifiant parce qu’il nous engage à nous dépouiller de la nudité empruntée dont nous recouvrons complaisamment chacune de nos intentions, chacun de nos murmures, chacune de nos paroles, pour ne pas trébucher sur la ligne de l’informulé.

37) J’appelle ange l’expression souveraine de l’image hallucinée œuvrant au fond du visible au rétablissement du monde. 

38) L’ange est l’extrémité brûlante du possible qui paraît. En lui le monde se démultiplie à l’infini.

39) A la fois messager et gardien, l’ange détruit dans le beau la douleur d’exister.

40) Dans la garde rapprochée que forment les anges, l’espérance n’a pas plus de sens que l’amour ou que la joie. Car au foyer du cœur tout n’est que mouvement pur infiniment déployé le long d’une même ligne de vie qui se poursuit dans la profondeur de son essor. L’espérance, l’amour et la joie sont ici des mots vides de sens, des mots déliés qui se perdent au loin dans la tête contristée de l’homme.

41) Le firmament, qu’est-ce sinon ce toit d’ailes frémissant que les anges, pour mieux se signifier à nous, forment au-dessus de nos têtes comme une coupe dorée où Dieu boit à long trait l’écume des jours qui nous effraie ?

42) La grandeur de l’ange est de n’être rien pour soi et tout pour Dieu. L’ange n’a pas de message à communiquer, il n’est le dépositaire d’aucune vérité qui aurait cheminé dans sa poitrine et triompherait dans le visible, sous le puissant battement d’aile qui le manifeste. L’ange est l’émanation de la pensée de Dieu en train d’engendrer sa propre visibilité.

43) L’ange porte en soi l’habillement humain. Il est la vêture glorieuse de notre humanité.

44) Point de métamorphose suprême, l’ange passe d’un bond du visible à l’invisible et revient vers le Père les mains chargées des semences de la beauté.

45) Chaque ange occupe une place déterminée sur l’échelle des cieux. Même quand il parcourt l’espace invisible du cœur, il ne cesse pas d’occuper son lieu et d’exercer sa fonction. Pour cette raison, l’ange est vraiment ce qui en Dieu exalte la distance du monde.

46) Gloire des anges qui par leur chant célèbrent l’émerveillement du monde tourné vers le plus secret du visible. 

47) Ce tournoiement d’ailes vertigineux, c’est l’Esprit qui descend en l’homme pour y vivre une vie nouvelle. Car de la même façon que l’homme n’est rien sans l’ange qui l’élève vers son point d’expression le plus haut et féconde dans

la pure lumière du cœur le germe invisible qui l’anime, pareillement Dieu n’est rien sans l’ange qui le conduit par-delà la caresse du visible dans la profondeur palpitante du cœur forgeant dans le rêve sa propre métamorphose.

48) Peau de lumière vibrant dans l’air étonné l’ange ravit à chacun le fil de sa destinée.

49) L’ange a pour mission d’apprendre à l’homme à respecter le mystère de l’invisible. Il lui enseigne la joie sainte de se tenir dans une attitude abandonnée et soumise devant le grand point de clarté qui au fond du visible tourne son cœur vers l’étoile du possible.

50) Derrière chaque mort un ange presse l’âme rénovée d’accueillir l’offrande du visible.

51) Les anges sont les figures ornementales du possible.

52) Le sourire de l’ange atteste du subtil équilibre dont se soutient le monde.

53) Les anges sont des segments de feu envoyés pour exalter la nuit du signe. Leur devoir est de transporter le monde dans l’invisible.

54) Le message de l’ange ne réside pas dans la nouvelle qu’il apporte mais dans l’acte simple de sa venue dans le visible. L’ange témoigne de la visibilité de l’invisible et par là il ouvre en l’homme une brèche à l’intérieur de laquelle s’engouffre toute la création.

55) La rébellion de l’ange ne trahit par l’imperfection divine mais le degré de liberté suprême donnée par Dieu à chacune de ses créatures.

56) L’ange déchu voit toutes choses à l’envers. Ainsi quand son regard se pose sur la femme, il voit en elle, non la haute puissance d’amour qui ne demande qu’à éclore, mais la nudité douloureuse de l’organe sexuel comme puissance de mort redoublée. Il se précipite pour boire à cette source obscure, mais le ciel qu’il désire toujours finit par se confondre avec cette acre poignée de terre que lui laisse dans la bouche l’étreinte du visible.

57) En tout homme se livre une lutte sans merci entre l’ange du ciel et l’ange de la terre. Il ne faut pas préjuger de l’issue de cette lutte, attendu que l’histoire humaine est le continuel redressement de la face de l’homme dans la profondeur du visible.

58) L’ange est une trappe vivante par où tombe sur la face blessée de l’homme la lumière régénératrice du cœur.

59) Sur la carte des cieux chaque ange a ses passages secrets, chaque ange efface dans le chemin le signe qui l’annonce.

60) La mission de l’ange est de déployer en l’homme les ailes encore rétives de la chasteté.

61) Les anges servent l’homme en servant Dieu, de même que Dieu sert les anges quand il les envoie en mission auprès des hommes.

62) Le sourire de l’ange dissimule mal sous ses ailes la déchirure de l’humanité de Dieu et de la divinité de l’homme.

63) L’ange, tout à la joie de servir Dieu, souffre secrètement, écartelé sur la croix des cieux où saigne la rose de son humanité.

64) Les anges sont trop proches des hommes pour abandonner le désir humain à la chaude cendre du repentir. 

65) Il faut développer en soi le sens de la verticalité si l’on veut aider l’ange à accoucher du message dont il est porteur.

66) Dans chaque ange resplendit la royauté d’un monde sans images.

67) Chaque ange cache la grandeur du monde qui le découvre.

68) L’ange est le doigt de Dieu posé sur l’agonie du monde.

69) L’aile des anges réserve bien des surprises au voyageur égaré, en particulier, elle lui indique le cheminement du désir au-delà de la constellation du signe.

70) Chaque ange réfute d’un coup d’aile l’épouvantail sonore du songe.

71) L’ange trace dans l’invisible la visibilité du monde. Il est la figure la plus incontestable du réel.

72) Il faut saisir l’aile qui bouge au fond de la page pour se laisser transporter dans l’inachevé.

73) Les ailes de l’ange sont les pages exaltées où resplendit l’invisibilité du monde.

74) Chaque ange est constitué de telle façon qu’il suffit qu’il se manifeste en personne pour insuffler à l’homme la force de poursuivre sa métamorphose.

75) L’ange est la figure exemplaire de l’inachèvement du monde.

76) L’ange tombé du ciel est la larme de Dieu destinée à rééquilibrer la balance de l’histoire.

77) Chaque fois que Dieu pleure il voit ses anges se répandre parmi les hommes pour secourir la joie qui les abandonne.

78) Les anges ne se reproduisent pas car ce sont de pures émanations du grand souffle divin qui traverse et fortifie la création.

79) Les anges n’ont pas de sexe, sauf à considérer que leurs ailes frétillantes et dorées sécrètent une substance invisible qui féconde et dilate la création.

80) La vertu des anges est d’ignorer la frontière qui sépare le monde des vivants de celui des morts. Pour eux, les vivants doivent mettre au monde leur mort prochaine comme la figure la plus accomplie de leur vitalité, tandis que les morts doivent enfanter nouvellement la vie qui les a quittés pour témoigner de la grandeur du monde où ils évoluent. C’est à cette condition que le dialogue entre les vivants et les morts se poursuit dans l’invisible.

81) La porte qui bouge au fond du visible c’est l’aile de l’ange battant le sol natal de l’inachevé. 

82) L’ange fait surgir de l’obscurité hypnotique du sommeil la beauté du paysage qui déchire l’âme, afin que l’on aperçoive au fond du paysage le pied gigantesque de Dieu qui nous attend.

83) La nudité de l’ange est le rempart du monde.

84) L’ange souffre avec l’homme du surcroît de ténèbres que découvre chacune de ses apparitions.

85) L’ange voudrait effacer du monde le point de douleur qui déchire l’âme. Il ne peut y parvenir qu’en abandonnant à l’homme la gloire d’avoir été vaincu par la douceur infinie de l’amour.

86) L’ange est toujours au rendez-vous de l’homme avec sa destinée.

87) La souffrance de l’homme voué aux affres de l’errance éveille en l’ange une longue plainte dont il ne peut triompher qu’en se précipitant auprès de lui pour partager le fardeau de la promesse.

88) Pure force d’amour l’ange se jette sur les infirmités de l’homme avec gourmandise.

89) L’ange hérite en l’homme de la grandeur de Dieu dont il est la glorieuse incarnation.

90) L’ange ne découvre pas Dieu, il est le visage de Dieu perçant les ténèbres, il est l’hostie visible du monde qui s’offre à la puissance de germination du cœur. La visibilité de l’ange cache l’invisibilité de Dieu en lui donnant en même temps son expression la plus exacte et la plus fidèle.

91) Au-dessus de l’épaule de l’ange la main de Dieu posée sur le cœur de l’homme comme une promesse de gloire imméritée.

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