Réflexions spirituelles (8) : L'Eglise

Publié le par Julien Métais

1) L’Eglise est la prière que le Christ a laissée en héritage aux hommes. S’y recueillir pour y revivifier la totalité de ses membres est le seul moyen de témoigner en vérité de la présence agissante du Royaume à venir.

2) L’Eglise est une pierre où resplendit l’invisibilité du monde.

3) L’Eglise n’est pas une maison de pierre, elle est l’invisible qui s’épanche dans le cœur de l’homme pour lui insuffler la force de gravir le ciel.

4) Dans chaque Eglise le corps du Christ ressuscité chante l’allégresse du monde à venir.

5) L’Eglise est le lieu d’engendrement de l’invisible. Quiconque entre dans une Eglise se sent irrésistiblement pénétré par la hauteur de l’âme qui y séjourne.

6) La pierre de l’Eglise – le rocher divin – transforme la matérialité du monde en un noyau de lumière indestructible.

7) Sous la pierre de l’Eglise le corps du Christ ressuscité resplendit.

8) Comme toute institution, l’Eglise a ses imperfections mais celles-ci sont comme purifiées de l’intérieur par la force agissante de l’amour qui guérit chacun de ses membres blessés.

9) L’Eglise est l’image aimante de l’invisible baignant l’inachèvement du monde.

10) Dans chaque Eglise le poids de la matière s’efface devant la présence de l’Esprit œuvrant à l’ascension de l’âme vers la cime de son souffle.

11) La pierre de l’Eglise est trop tendre pour blesser celui qui y prend appui.

12) L’Eglise est le jardin invisible où la faute originelle se dévore elle-même pour le salut du monde.

13) L’Eglise est un édifice qui, une fois qu’on y est entré, rend inutile la pierre qui y introduit.

14) Dans le silence solennel de l’Eglise passe le souffle de tous les trépassés enracinés au-dessus de nos têtes.

15) L’Eglise est une pierre qui chante dans l’invisible la grandeur du visible.

16) Dans l’Eglise chaque pierre œuvre à l’exaucement de la lumière.

17) L’Eglise est pénétrée de la lumière de l’Esprit Saint qui, avec une douceur infinie, tourne et élève l’âme des fidèles vers le Père tout-puissant. En elle, chaque membre réintègre dans une communion parfaite la totalité organique d’un acte sans devenir.

18) Dans la lumière de l’Eglise, l’histoire apprend la grandeur de ce qui ne passe pas.

19) L’Eglise est un édifice de chair vivante. Aussi n’y pénètre-t-on qu’à genoux, dans un signe de complète soumission à la vie merveilleusement intériorisée et étagée du possible.

20) L’Eglise est absence de lieu dans la pureté inentamable du visible.

21) L’Eglise est la pierre du repentir. Celui qui n’a pas éprouvé la dureté de cette pierre n’est pas digne d’être par elle sanctifié.

22) L’Eglise est une jeune mariée qui cherche dans chacun de ses membres la force de triompher de la blessure du visible.

23) La liturgie est ordination de l’invisible à la foi supérieure du visible.

24) L’Eglise est en gestation du Royaume dont nous formons tous les membres suprêmement actifs.

25) L’Eglise est la mémoire vivante de notre appartenance à l’invisible.

26) Dans chaque Eglise est en jeu l’irrésistible ascension de l’âme vers le point d’éclat absolu qui la justifie.

27) Il est étonnant de songer qu’avec des pierres l’homme puisse faire son salut. C’est que seule la pierre est assez solide pour supporter le poids de l’invisible.

28) L’Eglise est un symbole exalté dans l’invisible.

29) L’Eglise est le point d’ancrage de l’invisible au fond du visible.

30) La vocation de l’Eglise est de recevoir la somme des membres de l’humanité souffrante, en vue de les réinscrire dans le corps supérieur du possible.

31) L’Eglise est la demeure des anges. Il n’est que de s’avancer humblement sous les voûtes qui la constellent pour sentir un vif froissement d’ailes vous toucher l’épaule.

32) La lumière impénétrable qui tombe des voûtes célestes est l’expression inversée de l’âme qui veut monter.

33) La grandeur de l’Eglise est de transmuer la souffrance du monde en figure amoureuse du Christ ressuscité.

34) Il suffit d’entrer dans une Eglise pour sentir s’avancer en soi l’arrière-fond invisible qui structure le monde.

35) Lors de l’eucharistie, avec le corps et le sang du Christ, est consommée la possibilité pour le monde de s’enraciner de nouveau dans l’invisible.

36) C’est la Vierge Marie qui accueille le fidèle à l’entrée de l’Eglise et qui le conduit jusqu'à l’autel. Celui qui ne sent pas intensément cela ignore la grandeur de l’amour qui rayonne du cœur de la vie.

37) L’Eglise est une lampe qui éclaire la solitude du monde.

38) L’errance s’arrête au seuil de l’Eglise où elle a la révélation de l’absence de chemin.

39) L’Eglise est une porte ouvrant sur l’invisible.

40) L’Eglise n’est pas un lieu dont on prendrait possession : elle est le puissant mouvement de l’âme qui, unit à son possible, bascule dans l’invisible pour y inscrire la grandeur du souffle qui le féconde.

41) L’Eglise est la mère de notre fidélité au Christ.

42) L’Eglise est l’âme de notre inachèvement.

43) L’Eglise n’est pas seulement un lieu de recueillement pour l’âme soucieuse de s’élever vers son Créateur, elle est elle-même dans sa configuration particulière posture de recueillement, désir intense de croissance des pierres ayant permis son édification, en vue de toucher du front la cime des cieux où se perd la visibilité du monde. Toute Eglise ne tient debout que par le renouvellement perpétuel de la prière qui l’édifie si haut dans le ciel du possible.

44) Chaque Eglise concentre en un point de densité absolu la somme de tous les mouvements possibles. Il faut se laisser pénétrer par ce point de densité absolu, il faut se laisser devenir la grandeur de ce point qui accouche continuellement du monde, si l’on ne veut pas se sentir indigne de la grâce qui tout anoblit.

45) La mission de l’Eglise est de veiller par-delà les ruines du monde à la préservation du souffle divin.

46) Chaque Eglise abrite un long murmure dans lequel le cœur de l’homme doit s’insérer avec une confiance joyeuse. Car là réside le secret de ce qui échappe au morcellement du langage.

47) Dans l’Eglise la matière est comme transfigurée par le chant des anges qui s’abat sur la tête du fidèle avec un fracas inouï.

48) Dans son ascension vers le ciel, l’Eglise est traversée de mouvements fulgurants qui procurent au fidèle l’impression tenace d’évoluer dans un espace habité, où se dit quelque chose d’essentiel de l’humaine destinée. Il suffit de fermer les yeux et de tendre l’oreille, il suffit d’ouvrir son cœur à la grandeur de ce qui passe, pour sentir évoluer partout en soi et autour de soi la cohorte des anges veillant sans relâche à l’avènement de la prière du monde.

49) L’Eglise est la matérialisation d’une prière à ce point intériorisée qu’elle fait monde à chaque instant.

50) Dans l’Eglise, chaque parcelle d’air exprime la vivacité de l’invisible tout entier recueilli sur la coupe de nos lèvres.

51) L’Eglise est la croix du Christ érigée dans l’exaltation de l’amour rénové.

52) Au cœur de l’Eglise l’autel ensanglanté où s’abreuve le monde.

53) Il faut toujours revenir vers l’Eglise comme vers une mère infiniment aimante qui sait ce qui est bon pour son enfant, et qui pour cette raison le fortifie et lui procure les moyens de croître paisiblement sur son sein dilaté.

54) L’Eglise n’est rien sans la douceur de l’amour qui se répand en chacun de ses membres avec une plénitude édifiante.

55) Tous les jugements hâtifs portés sur l’Eglise, toutes les caricatures qui en sont faites, tous les maux dont on la charge expriment la persistance en l’homme d’un refus devant ce qui le dépasse et, plus encore, un manque de confiance dans sa propre grandeur, qui est de s’abaisser jusqu’aux pieds de la Vierge Marie pour être par elle relevé et conduit à la table du Seigneur.

56) Le silence qui emplit la profondeur de l’Eglise est si grand qu’on ne peut faire autrement que de lui offrir son cœur malade pour se laisser par lui rétablir dans la pureté sans tâche du visible.

57) L’Eglise poursuit dans la prière du fidèle son cheminement auprès du Père.

58) L’Eglise n’est pas figée dans la visibilité du monde. L’âme du monde vibre en elle avec une ferveur capable de déraciner d’un coup les préjugés et les préventions qui retiennent l’homme d’en épouser la liesse merveilleuse.

59) Si la célébration eucharistique est importante, ce n’est pas parce qu’elle permet à l’homme par la consommation du corps et du sang du Christ de se régénérer intérieurement, mais parce qu’elle renouvelle en lui la relation d’amour unique du Christ avec chacun de ses membres.

60) L’Eglise où la vie surabonde a besoin de l’homme pour faire vivre le monde.

61) L’Eglise est le refuge de la liberté humaine.

62) L’Eglise est l’expression élancée du pardon du Christ aux hommes qui l’ont crucifié.

63) Dans l’Eglise, l’espérance marche joyeusement vers sa propre visibilité.

64) L’Eglise est l’érection de la Parole divine au seuil du visible.

65) La hauteur des Eglises permet aux anges d’y broder plus lestement la lumière qui régénère le cœur de l’homme.

66) Pour le fidèle qui pénètre dans l’Eglise, il n’est plus de promesse possible, d’attente anxieuse, de désespoir. Tout est d’emblée donné, et l’âme du monde s’y trouve si bien dilatée que tous les membres du Christ baignent dans la lumière du cœur transfiguré.

67) Le mystère de l’Eglise forme comme une entaille dans la mémoire de l’homme. On ne peut enlever cette entaille sans ôter avec elle la mémoire qui le constitue.

68) L’Eglise n’est pas un édifice extérieur à l’homme. Elle est son cœur même exalté dans l’invisible.

69) La grandeur de l’Eglise provient de la nudité dont elle rayonne et qui ouvre en l’homme la profondeur du visible.

70) La sainteté de l’Eglise est le signe de la grandeur de l’homme appelé à témoigner de l’inachèvement de ce qui se donne.

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