Le Terrorisme

Publié le par Julien Métais

Pour information : ces réflexions m’ont été inspirées par les récents événements qui se sont déroulés au Moyen-Orient, en particulier en Syrie et en Irak. Bien sûr il ne saurait être question de livrer ici une réflexion sur les conditions d’émergence du terrorisme qui sévit dans cette région du monde, ni davantage de mener une étude comparative sur les différentes formes de terrorisme présentes au Moyen-Orient. Plus modestement, il s’agit d’exprimer mon indignation devant la violence d’actes odieux et barbares qui souillent en l’homme la bonté divine.

Je sais des hommes dressés à tuer et prêts à se jeter sur le premier attroupement pour faire éclater la dignité humaine qui ne veut pas mourir. On les appelle des terroristes, il s’agit d’hommes sans grandeur ni scrupules qui préfèrent égorger ceux qui ne leur ressemblent pas plutôt que de devoir renoncer à l’éclair de folie qui illumine leur prunelle et projette partout sur le monde son spectre hideux.

Les terroristes qui égorgent à tour de bras des civils innocents abreuvent la terre du sang de leur méfait. Ils ont sur les mains comme le signe d’une malédiction inexpiable le sang de la beauté qu’ils ont assassinée.

Le terroriste part en guerre contre son impuissance à endoctriner les confins. Plus il est violent et cruel plus son impuissance l’accuse de manquer de grandeur et de bravoure. Comme il est seul l’homme qui a pour mission de voiler l’invisible !

Le terrorisme est l’expression physiologique de la limite de toute idéologie. Il procède d’un violent besoin de strangulation sécrété par l’impuissance de toute idéologie à embrasser le réel qu’elle prétend expliquer.

Ceinturé d’explosifs cet homme inquiétant s’avance au milieu d’une foule nombreuse. Bientôt il sera au ciel entouré de ses femmes, bientôt il pourra jouir sans entrave de la grandeur de son aveuglement, bientôt le noir néant sera son foyer exclusif.

Le terroriste est le plus dangereux des hommes car le moins conséquent. Il ne vit que pour se supprimer.

Les terroristes égorgent les hommes comme des moutons. C’est, disent-ils, le meilleur moyen qu’ils ont trouvé pour louer la grandeur de la vie que Dieu leur a donné en partage.

Pour les terroristes la foi en Dieu exige la pratique systématique de l’égorgement. On loue Dieu en retranchant de la création ses enfants affectueux.

Ils préfèrent saccager le jardin du possible plutôt que de se réjouir de la beauté qui y éclot à chaque heure du jour et de la nuit. Ils préfèrent poignarder la jeune espérance plutôt que de se laisser par elle dépouiller des prestiges du visible.

Le terroriste est prêt à tout pour éveiller l’intérêt de Dieu. Le mieux est de préparer un coup d’éclat, une action dont on se souviendra longtemps parce qu’elle marquera les esprits, par exemple se faire exploser au milieu d’une foule distraite. Vu du ciel le spectacle en vaudra la peine et il y a fort à parier que Dieu félicitera la bravoure de celui qui a si bien su régaler sa soif de sang insatiable. Cela mérite bien quelques femmes et d’autres délices en sus.

Les islamistes ont fait de Dieu un être tout-puissant qui vit du sang de ses martyrs. Boire le sang de l’homme permet à Dieu de se régénérer et de conserver sur ses créatures un pouvoir de fascination qui les prépare à un inutile sacrifice.

Le terroriste ignore la douleur d’espérer. Ce qu’il appelle son espérance est un rêve dévasté par de noires armées de signes en perdition.

Le but du terroriste est d’atomiser sans délai le noyau du possible qui forme en chaque être le principe suprême de son expressivité. Tant que le possible persévère dans l’être il n’y a pas de repos concevable pour qui a décidé de consacrer sa vie à martyriser la vérité.

La violence du terroriste le cloue sur place au moment d’entrer dans l’invisible.

Par son extrême violence et son intransigeance, par sa passion fanatique pour la vérité, le terroriste terrorise l’enfant qu’il porte en lui. Là est peut-être le motif de son ascendant sur les autres, il a bâillonné en lui l’enfant qui le juge. Que cet enfant se réveille et s’avance sur la scène du monde, dans sa différence radicale, et voilà que notre terroriste prend la fuite et abandonne aux orties sa foi malade et toute la comédie de l’autorité au moyen de laquelle il pensait se soumettre le monde.

Il est des vérités qui étranglent le monde, il est des hommes qui étranglent la vérité.

Les terroristes décapitent à tour de bras pour ne pas rester désœuvrés devant l’informulé.

Ne jamais céder à la peur car la peur appelle le sang et le sang noie dans la peur le désir d’être vivant. Dans chaque terroriste un enfant bâillonné veut prendre la parole.

La bombe est la seule ressource avouable du terroriste. Avec elle il sait qu’il ne peut pas rater sa sortie.

Ce n’est pas au nom de Dieu ou d’une foi ardente que les terroristes partent en guerre contre des populations innocentes, mais dans le but secret de poursuivre en eux-mêmes leur lutte armée contre la grandeur du possible qui les oppresse et les pousse dans un acte désespéré à exorciser par la violence le point aveugle qui leur imprime le sentiment poignant d’être nulle part chez eux ici-bas.

Le terroriste islamiste qui maltraite les femmes et les enferme sous un voile, est peu fier quand ces dernières, portées par un mouvement de révolte libérateur, sortent du foyer familial pour aller combattre sur le champ de bataille. S’ils sont touchés par l’une d’entre elles, leur virilité est perdue à jamais.

Celui qui contraint son voisin à adopter sa religion, à se laisser pousser la barbe, à aller à la mosquée, à s’y prosterner en direction de la Mecque, à faire au cours de la journée des ablutions répétées, à écarter de son régime alimentaire tel ou tel aliment, à enfermer sa femme sous un voile, à élever ses enfants dans le respect sévère d’un ensemble de règles éborgnées, à égorger une victime innocente pour régaler son Prophète, un tel homme dis-je n’a pas de frères, il vit uniquement pour conjurer la terreur insoutenable d’un monde sans perspective.

La violence du terroriste qui jaillit des profondeurs de la terre atteint Dieu en plein visage.

Pour le terroriste il n’y a pas de doute possible, le plus court chemin entre la terre et le ciel passe par une ceinture d’explosifs, entourée du plus grand nombre, et qui expédie d’un coup le fidèle dans les bras de son Père. Et c’est ainsi qu’Allah est grand !

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