L'Amour

Publié le par Julien Métais

Pour information : animal affectif par excellence, l’homme souffre de n’être pas rassasié d’amour. Pourtant quand cet amour se donne à lui, il ne peut réprimer un mouvement de peur tant la grandeur du sentiment qui l’envahit dépasse les limites de sa personne et le replace au cœur même de l’univers, là où toute chose dans une profonde respiration atteint la ligne pure de son chant. C’est ainsi que par une étrange contrariété toute la vie de l’homme se passe à préparer et à fuir en même temps les conditions de surgissement de l’amour sans lequel il sombre dans le morne ennui.

L’homme attend tout de l’amour qui ne peut rien pour lui si ce n’est le sortir de lui-même.

L’amour est un foyer d’éternité creusé au cœur de notre attente. Qui sait prendre soin de ce foyer au point d’être par lui renouvelé vit dans l’extase enchanteresse du monde qui vient.

Si noble et si pur soit l’amour il est toujours miné de l’intérieur par la roue dentelée du temps qui parcourt le corps des amants pour éclater sur leurs lèvres ouvertes, jaillissement de sang noyé parmi la rosée des paroles.

La cruauté de l’amour est en relation directe avec son caractère absolu, lequel le conduit à ignorer souverainement tout ce qui demeure incapable de nourrir et d’alimenter le feu qui lui brûle le cœur.

L’amour est trop occupé pour se soucier de l’homme à l’agonie au bord du chemin.

Dans l’amour le monde est suspendu à la possibilité d’une histoire sans devenir.

La monotonie de l’amour est la forme exténuée de la beauté qu’il n’a su retenir.

Les métamorphoses de l’amour sont les figures enchanteresses de la grandeur du monde qui vient.

La majesté de l’amour est de cacher la nudité de l’homme sous les élans du cœur et la noblesse exquise des sentiments.

En amour la délicatesse est semblable à une plante qui se développerait harmonieusement dans le dessein secret d’enrichir de vives couleurs son milieu naturel.

La tendresse est la gaze du sentiment. On s’y enroule d’autant plus volontiers qu’on sait que rien en elle ne peut blesser la promesse du désir qui y chemine librement.

L’amour qui ennoblit toute chose laisse le monde sans héritage.

Il faut aimer dans l’amour la douceur de vivre sans héritage.

L’amour étonne par l’obligation qu’il nous fait de voler à son secours.

Le cœur transpercé de flèches les amants jouissent du monde qui leur a été enlevé.

L’amour est plein de querelles subalternes qui le détournent de se diviser.

L’amour consacre le triomphe de l’agonie du désir. Quiconque aime est aimé avant même toute appréciation possible sur celui ou celle qu’il aime. Tout amour véritable est l’émanation directe de l’amour inconditionné de Dieu pour ses créatures.

L’amour est un roulement de tambour dans le jardin déserté des cieux.

Le cynisme noir et destructeur est bien souvent l’ultime expression d’un amour livré nu à l’agonie des jours.

L’amour est si exclusif qu’il en oublie d’aimer.

L’amour est une longue divagation sur la géographie intime du monde qui vient.

La fatalité de l’amour est de cheminer par le sentier du cœur jusqu’aux portes du tombeau.

Le secret de l’amour réside dans la nudité du monde qui le précède.

L’amour naît dans l’aveuglement et meurt dans l’oubli de sa grandeur passé.

En amour il ne faut compter que sur la bonté du songe qui livre les deux amants à la violence d’une passion sans histoire.

Dans la tour d’ivoire de l’amour l’homme a perdu l’hospitalité du monde.

Les délicatesses de l’amour sont des effusions lyriques qui emportent avec elles toute forme de bienséance.

L’amour est la parenthèse du cœur dans une vie semée d’embûches et de regrets.

Il n’y a pas d’amour possible sans une tendresse de cœur particulière pour les charmes étranges de ce qui résiste à tout dévoilement.

L’amour est la plus belle chose qui puisse arriver dans une vie d’homme. Il apprend à se décentrer pour coïncider au plus intime de l’être avec la grandeur de son inachèvement.

Celui qui aime ne redoute plus d’être seul, il éprouve en plénitude le sentiment délicieux de son enracinement dans l’invisible.

Ô lèvres qui longtemps vous cherchâtes, et qui vous unirent et mêlèrent à votre fièvre le sang nouveau de l’allégresse, ô vastes enchantements de l’amour infusé dans la profondeur exquise des cœurs, voilà que le monde se soulève et chemine dans l’invisible.

L’étreinte des amants, débauche de violence et de râle, débouche sur la solitude encore plus grande du monde.

La bêtise de l’amour n’a pas encore livrée tout son secret.

On ricane de l’amour, on le caricature, on se gausse de lui, on lui reproche son ridicule et ses manières apprêtées, ses fausses pudeurs, ses rires étouffés, ses attitudes de vierge effarouchée. Pourtant comme l’on aimerait soi-même être touché par sa flèche et connaître la joie ailée des confins, comme l’on aimerait sentir la terre se dérober sous ses pas et s’ouvrir le grand ciel du possible promis à la félicité des cœurs extasiés.

La grande affaire de l’amour est de libérer l’homme de tout ce qui le détourne d’y trouver son foyer.

L’amour est une palpitation qui guérit de la rage d’espérer.

L’amour véritable fait de tout ce qui survient la figure vivante et charnelle de l’accession du monde à son plus haut point d’expression.

L’amour véritable rayonne au-delà de la joie qui l’accompagne.

L’amour qui donne sans compter reçoit sans compter ce qui ne se donne pas.

L’amour est un sentiment léger et aérien, car rien ne subsiste en lui de l’héritage du monde. Il n’attend rien, il n’espère rien, il vit dans la beauté d’un monde cousu de grâces.

La grandeur de l’amour est de tapisser le cœur de l’homme d’indicibles beautés.

L’amour est la surprise du cœur à la nature qui le contraint si furieusement.

Il n’y a pas d’amour heureux sans l’éclair blanc de l’oubli qui ouvre le monde.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
Ni l'absence, ni la distance, ni le silence, n'empêche un coeur d'Aimer.
A
Non Amour : absence, distance, agacement, dénigrement, méchanceté, amertume, colère, jalousie, irrespect, indifférence, silence, mensonge, lâcheté, insatisfaction, égocentrisme, individualisme, renfermement sur soi, mal-être, étouffement, accablement, souffrance, tristesse, désillusion, malheur.<br /> <br /> Amour : besoin, présence, écoute, attention, compréhension, soutien, partage, affection, tendresse, complicité, réciprocité, confiance, respect, liberté, espoir, courage, ouverture, élan, dépassement, communion, épanouissement, réalisation de soi, quiétude, bon humeur, rire, joie, bonheur.